Par Sébastien RONPHE, élève avocat et Elodie MAUMONT, avocat associé
Le chef d’état-major aux armées le Général Pierre de Villiers a signé une tribune dans les Echos le 21 décembre 2016, dans laquelle il estime que la part du PIB consacrée à la Défense, actuellement de 1,7%, devrait être augmentée à 2% d’ici 2020.
Le Général décline sa réflexion en trois objectifs et estime en premier lieu que « Demain, si rien n'est fait, ces impasses affecteront sérieusement la conduite des opérations » dénonçant notamment le « vieillissement accéléré » que connaissent les véhicules blindés de l’armée française.
En deuxième lieu, il dénonce la distorsion existante entre les contrats opérationnels et la réalité de l’engagement des forces sur le terrain.
En troisième lieu, le chef d’état-major des armées se prononce en faveur d’un renforcement de la « crédibilité de la dissuasion nucléaire ».
Invoquant des changements nécessaires et pressés par le temps, lequel « joue contre la solidité du modèle », le Général rappelle que les valeurs incarnées par l’armée française, à savoir « le respect, la discipline, la cohésion, le courage », conduisent parfois au sacrifice ultime et exige en contrepartie un engagement collectif de la nation qui doit permettre cette revalorisation du budget de la Défense.
Le chef d’état-major des armées conclut sa tribune par la formule « le prix de la paix c'est l'effort de guerre. ».
Le message délivré par le Général de Villiers aurait pu recevoir encore plus d’écho s’il n’avait pas été délivré à l’approche de l’élection présidentielle de 2017.
Les « impasses » et le « vieillissement accéléré » dénoncés ne datent manifestement pas d’aujourd’hui. Alors pourquoi repousser l’action à « Demain », dès lors que le temps « joue contre la solidité du modèle » ?
En application de l’article L1142-1 du Code de la Défense, pèse sur le Ministre de la Défense l’obligation de permettre aux militaires de disposer des moyens nécessaires à leurs actions et de veiller à leur sécurité.
Dès lors, pourquoi vanter le volontarisme d’un ministre dont l’action n’aura pas permis d’ouvrir un chemin aux/à travers des impasses dénoncées par le chef-d ’état-major aux armées ?
En vertu de l’article L. 4121-4 du Code de la Défense, « il appartient au chef, à tous les échelons, de veiller aux intérêts de ses subordonnés ».
La loi impose donc au chef d’état-major aux armées de veiller sur les intérêts des soldats de l’armée française.
N’aurait-il pas été dans l’intérêt de ces soldats de dénoncer plus tôt les manquements qu’ils doivent supporter et qui peuvent les exposer à des dangers sur les théâtres d’opérations ?
© MDMH – Publié le 2 février 2017 »